En 2024-2025, les collèges, instituts, cégeps et établissements polytechniques publics du Canada évoluent dans un environnement de plus en plus complexe, façonné à la fois par des pressions internes et de plus vastes changements nationaux. Entre des réformes néfastes des politiques d’IRCC menaçant la viabilité des établissements et des communautés et l’évolution des relations canado-américaines recentrant les priorités économiques et sécuritaires, le secteur s’est retrouvé à un tournant décisif.
À un moment où le Canada faisait face à une crise du logement grandissante, au vieillissement de la population, à de graves pénuries de main-d’œuvre, à une faible productivité, à des exigences accrues en matière de sécurité et à une nécessité urgente de diversifier ses marchés et chaînes d’approvisionnement en énergie, les pressions nationales se sont multipliées. Celles-ci ont mis en évidence, plus que jamais, le rôle essentiel de notre secteur.Ce sont exactement ces défis que nos établissements sont à même de résoudre, et là où CICan mène une action et un impact significatifs.
Conscient des enjeux, CICan a travaillé de manière stratégique et en étroite collaboration avec les divers réseaux d’associations collégiales provinciales et régionales et avec l’industrie. Il s’agissait de positionner ses membres en tant que fournisseurs de solutions de première ligne et partenaires clés dans la réponse du Canada. Nous avons défendu leur rôle de bâtisseurs, de fabricants, de cultivateurs, de soignants, de premiers intervenants et d’innovateurs prêts à être au rendez-vous et à réaliser ce qui revêt une importance capitale pour les Canadiennes et Canadiens.
Former la prochaine génération et mettre à niveau les compétences des travailleuses et travailleurs dans les métiers spécialisés et la construction durable.
Élargir l’offre de programmes en soins infirmiers, paramédicaux et professions connexes, en soins aux personnes âgées et en santé mentale.
Préparer la main-d’œuvre des industries à forte intensité de ressources en transition, ainsi que pour les emplois verts dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’innovation.
Répondre à l’évolution des besoins de formation ou des professions en forte demande au sein des Forces armées canadiennes et soutenir les anciens combattants, les réservistes et leurs familles dans leur transition vers des carrières civiles.
Aider les petites et moyennes entreprises (PME) du Canada à innover et à adopter de nouvelles technologies grâce à des partenariats de recherche appliquée et d’apprentissage intégré au travail pour le compte de l’industrie.
Ce travail a été soutenu par nos programmes nationaux de développement des compétences, notre participation à des tables rondes nationales sur la main-d’œuvre et à des audiences parlementaires, ainsi que par notre leadership éclairé à l’échelle nationale dans le cadre du dialogue sur la politique économique du Canada. Ce à quoi viennent s’ajouter des initiatives et publications telles que :
En 2024, l’immigration, les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants internationaux ont occupé une place centrale dans les débats sur les politiques publiques au Canada. En l’espace de 18 mois, le gouvernement fédéral a introduit 13 changements majeurs dans le Programme des étudiants étrangers, parallèlement à des réformes plus larges du système d’immigration. Qu’il s’agisse d’imposer des plafonds aux permis d’études ou de resserrer les conditions d’obtention d’un permis de travail postdiplôme (PTPD), les réformes ont été mises en œuvre rapidement et sans nuance régionale. L’impact sur les étudiant(e)s, les établissements, les employeurs et les communautés a été rapide et brutal. Cela a été d’autant plus vrai pour les régions rurales et nordiques.
Les dernières nouvelles : Les demandes de permis d’études pour les étudiant(e)s entrant dans les établissements membres de CICan ont chuté de 52% entre 2023 et 2024. La réputation du Canada en tant que destination de choix pour l’éducation internationale en a pris un coup. Les réformes récentes ont également rendu l’obtention des permis d’études beaucoup plus difficile pour les futurs étudiant(e)s, les taux d’approbation pour les établissements membres de CICan passant de 51% en 2024 à seulement 26,5% au premier trimestre 2025.
Ce déficit soudain a provoqué des tensions opérationnelles et financières immédiates sur l’ensemble du réseau. Les établissements de tout le pays ont été contraints de prendre des décisions difficiles : gel des embauches, réduction du personnel, diminution des activités de recherche et des services aux étudiant(e)s, suppression de programmes dans des secteurs clés et, dans certains cas, fermeture de campus. Au total, Alex Usher, président de Higher Education Strategy Associates, estime que le secteur des collèges et instituts publics subit une perte équivalente à environ 4 milliards de dollars, dont 75% sont concentrés en Ontario. On s’attend à ce que les établissements doivent supprimer environ 1 000 programmes, principalement dans les domaines des arts, des médias, du journalisme, de l’hôtellerie, des affaires, de la finance et de la technologie de génie.
CICan a réagi rapidement en mobilisant ses membres, ses alliés de l’industrie et des municipalités, ainsi que les associations provinciales et régionales de collèges. Le but étant de plaider en faveur d’un Programme des étudiants étrangers bien géré et d’un système d’immigration qui réponde aux besoins à long terme de notre pays. Nos membres ont travaillé directement avec les entreprises locales, les syndicats et les organisations communautaires touchées par les réformes, tout en s’efforçant de relayer leur voix et leurs points de vue par le biais des médias, d’articles d’opinion et les canaux sociaux.
À Ottawa, nous nous sommes efforcés d’apporter directement aux instances décisionnelles des solutions fondées sur des données probantes, en fournissant des études de cas indépendantes concernant les établissements ainsi que des données concrètes pour aider les responsables fédéraux à saisir l’ampleur et la portée des dommages subis dans trois domaines clés : l’offre de main-d’œuvre dans les secteurs principaux et en demande, la démographie des communautés rurales et des minorités linguistiques, ainsi que l’incidence des réformes sur les programmes destinés aux étudiant(e)s canadien(ne)s. Nous avons travaillé avec des parlementaires de tous les partis et de tous les ministères pour rectifier le tir, et les avancées ont suivi.
Parmi les principales victoires, citons le rétablissement de l’admissibilité au PTPD pour l’éducation de la petite enfance et la suppression de l’exigence relative au domaine d’études pour les diplômés des programmes de baccalauréat et de maîtrise des collèges. Cela a permis de garantir un accès plus équitable et plus cohérent au PTPD pour les titulaires d’un diplôme d’études supérieures, aligné sur celui de leurs pairs universitaires.
Pour l’avenir, nous travaillons avec nos partenaires pour rétablir la stabilité et la prévisibilité du Programme des étudiants étrangers et nous nous réjouissons de poursuivre notre collaboration avec les gouvernements et les responsables du monde des affaires pour mettre en place un système d’immigration durable et intégré qui réponde aux impératifs du Canada en matière de main-d’œuvre et de population, compte tenu des diverses réalités démographiques régionales et des besoins locaux.
Depuis janvier, l’évolution de la dynamique en matière de commerce et de sécurité entre les États-Unis et le Canada a amené ses défis propres, et notamment des droits de douane affectant les secteurs de l’industrie de pointe, de l’agriculture et de l’automobile. Cette incertitude a mis en évidence la nécessité pour le Canada d’être fort et autonome et de disposer d’une main-d’œuvre flexible.
En réponse, CICan a positionné ses membres comme des collaborateurs incontournables d’Équipe Canada. Ils sont les moteurs de la prospérité du pays. Répartis sur près de 700 sites dans tout le pays, nos établissements stimulent la productivité et l’innovation. Ils construisent et fabriquent au Canada, ils alimentent des secteurs industriels essentiels en transition et ils veillent à la sécurité économique. Nous créons des passerelles vers des carrières dans les métiers spécialisés, soutenons la mobilité interprovinciale des titres de compétences et de la main-d’œuvre, aidons les PME à se réorienter grâce à l’adoption de l’IA et d’autres technologies essentielles ainsi que par des solutions de recherche appliquée menées par l’industrie. Nous contribuons également à la sécurité de notre pays grâce à une formation spécialisée pour les militaires, les anciens combattants, les réservistes et leurs familles.
Lire : Les collèges et instituts au service de la prospérité et de la résilience du Canada
En mars 2025, notre présidente-directrice générale, Pari Johnston, a fait écho de ce message en se joignant à la Chambre de commerce du Canada à Washington, D.C. Elle a pu s’y entretenir avec des acteurs clés de l’industrie, du gouvernement et de l’enseignement postsecondaire canadiens et américains sur les tarifs douaniers, la stabilité de la chaîne d’approvisionnement et l’innovation dans le secteur de la fabrication de pointe. Elle a souligné que les collèges et instituts du Canada sont essentiels pour développer la main-d’œuvre qualifiée nécessaire pour renforcer les relations commerciales, stimuler l’innovation et garantir la résilience à long terme de nos chaînes d’approvisionnement. Les réunions avec les responsables de l’American Council on Education et de l’American Association of Community Colleges ont renforcé le dialogue politique bilatéral et les échanges sur les enjeux et perspectives en commun.